1. Une mauvaise journée en perspective.

« Hmprhnphrpfr ! »

C’est à peu près la seule pensée que pût avoir Saga en reprenant conscience. Si tant est qu’il pût en avoir une, en fait.

Son cerveau semblait hésiter sur l’endroit de son crane dans lequel il fallait donner des coups de béliers pour sortir, aussi tentait-il sa chance un petit peu partout en mettant une musique bien aigüe à fond pour se donner du courage.

Aussi, lorsqu’une note un peu plus aigüe que les autres vint vriller ses neurones, Saga poussa un grognement pour se plaindre du tapage, et le regretta aussitôt. Sa gorge sèche vécut la tentative de manifestation sonore comme elle aurait vécu le passage d’une éponge abrasive, et lui rappela donc aussitôt l’existence du reste de son corps, tout aussi douloureux et ankylosé. Mais qu’est-ce qu’il avait fait pour se retrouver dans cet état ?
Après un temps à rassembler le peu de matière grise valide qu’il avait à disposition, il se souvint. Il était mort… encore. Il venait donc probablement de ressusciter… Encore une fois, là aussi. A cette déduction, il cessa de lutter pour rassembler ses esprits. S’il avait les fois précédente saisi l’opportunité pour rattraper un tant soit peu ses crimes, il ne voyait plus cette fois-ci de raisons à son retour. Ce n’était pas vraiment pour lui plaire. Et puis, on ne pouvait pas dire qu’il pensait mériter une nouvelle vie. Et, il devait bien se l’avouer, être mort était bien pratique lorsqu’on avait tant de raisons de vouloir le rester.

Avec résignation, il se força à ouvrir les yeux, retenant une plainte à l’agression lumineuse qui suivit. Il mit un temps à comprendre qu’il était dans son temple, à quelques pas de sa sortie. Ça, par contre, ça l’arrangeait beaucoup. Petit à petit, muscle par muscle, il força son corps à se mouvoir malgré ses protestations. Cela lui prit un temps infini, mais il parvint tant bien que mal à se mettre debout dans un équilibre précaire, avant de se diriger de manière incertaine et titubante non pas vers l’intérieur du temple, mais à l’extérieur.

Il se rendit alors compte qu’il était nu, mais là, maintenant, tout de suite, il s’en fichait superbement, car à quelques mètres, sur une des falaises qui surplombait le temple, une petite cacade, ou plutôt un mince filet d’eau ruisselait. C’était le seul accès à l’eau du temple, et encore, il ne coulait pas toujours. Mais aujourd’hui, ce n’était pas le cas, et fort heureusement, car pour Saga, ce petit filet d’eau avait des allures de paradis.

Il se laissa tomber à côté, joignant ses mains pour récupérer de l’eau avant de boire goulûment, puis de cracher et de s’étouffer sous le choc presque brûlant du liquide froid dans sa gorge aride. Ça faisait un mal de chien, mais par Athéna, que ça faisait du bien!
Il but de nouveau, mais cette fois-ci plus doucement, laissant l’eau tracer doucement son chemin, faisant des pauses lorsque sont souffle devenait erratique sous l’agression bénéfique que représentait le retour du précieux liquide en lui. Puis, épuisé par ce simple acte, il laissa sa tête tomber contre la paroi rocheuse et ruisseler sur sa tête, lui apportant une fraicheur bienvenue pour retrouver ses sens.

Il resta ainsi un long moment, des heures peut-être, n’ayant ni le courage, ni la simple envie de bouger, laissant petit à petit son cerveau abandonner ses envies de fuite en dehors de son crâne. Un autre sifflet strident lui fit froncer les sourcils, mais il n’avait pas la force de s’y attarder.

Les frissons de son corps finirent néanmoins par le convaincre de rentrer dans son temple pour trouver de quoi se couvrir un minimum. Alors il prit une dernière gorgée d’eau et s’arracha à regret de sa falaise, grognant au moment de relever aux protestations grinçantes de ses genoux restés trop longtemps écrasé contre la pierre.

Il s’avança d’un pas certes un peu plus droit mais toujours aussi difficile vers ses appartements. Il ne s’inquiéta pas vraiment du fait que les portes étaient déjà ouvertes. Il lui fallait déjà assez de concentrations pour lutter contre l’envie de s’affaler dans le premier siège venu pour rester concentrer sur son objectif qu’était sa chambre, puis sa penderie. Il atteint assez facilement la première, mais oublia bien vite la seconde lorsqu’il aperçût une silhouette étendue sur son lit.

Toute traces de sang quitta son visage, tandis qu’il dû s’accrocher aux montant de la porte pour que ses jambes déjà peu sûre ne se dérobe sous lui.

La mort avait ce confort de vous permettre de ne pas à avoir faire face à vos erreurs, mais la vie vous les mettait souvent en pleine figure. Il le savait, mais aurait juste aimé un peu de répit avant de devoir les affronter.

Il avala sa salive, hésitant à faire marche arrière. Mais l’autre devait déjà avoir remarqué sa présence… Ou pas, il ne savait pas…

Alors il se décida.

« Kanon ? »


Aucune réponse. Son frère ne devait pas être dans un meilleur état que lui.

La tension qu'il avait soudain ressentit le quitta, le laissant épuisé. Il prit le risque de se trainer jusqu'à l'armoire prendre une tunique et un pantalon, avant se sortir de la chambre, de s'habiller tant bien que mal, et de se laisser tomber comme un sac sur le canapé de la pièce principal. Il se doutait que son frère aurait une surprise en se réveillant, mais il n'avait pas la force d'aller plus loin. Aussi céda-t-il à la fatigue, s'endormant aussitôt allongé, en priant pour se réveiller avant Kanon.

Si ce fut bien une porte qui le réveilla, ce ne fut pas la bonne. Car c’est le claquement de la porte des appartements qui provoqua un sursaut chez Saga. Un peu hagard, et absolument pas reposé par sa sieste qui avait dû en tout et pour tout durer une demi-heure, le Gémeaux se tendit néanmoins par réflexe. Le conditionnement de la vie de chevalier était dur à perdre. Ce ne fut qu’après quelques instants, une fois l’instinct rendormi et le cerveau remit en marche, que la situation lui revint en mémoire.

Si ce bruit était bien celui de la porte des appartements, cela voulait sans doute dire que Kanon s’était réveillé avant lui. Un simple coup d’œil à la porte de la chambre lui confirma ses pensées, lui arrachant un soupir par la même occasion. Il s’était attendu aux hurlements de son frère pour le réveiller. Qu’il n’ait rien dit était étonnant.

Il se prit un moment le visage entre les mains pour se réveiller complètement. Beaucoup de questions se bousculaient dans son esprit. Et entre les « Pourquoi était-il revenu ?», les « Pourquoi Kanon était-il là ? », les « Combien de temps était-il mort », les « Etaient-t-ils les seuls, Kanon et lui, à être de retour à la vie, ou d’autres ont-ils connus les mêmes sorts ? »  et autres « Pourquoi je ne viens pas de me prendre une droite à grand renfort d’insultes ? », ses neurones lui rappelaient pas vraiment gentiment qu’ils ne s’étaient pas tout à fait remis de leurs retours, eux non plus, et qu’ils aimeraient arrêté d’être torturé.

Avec un nouveau soupir, il finit donc par secouer doucement la tête avant de se lever et de s’étirer. Le canapé avait des airs de sirènes, l’appelant par ses chants à revenir dormir sur lui, mais ce n’était pas comme cela qu’il allait avoir des réponses.

Il se fit donc violence de ne pas écouter cette vile voix tentatrice et prit lui aussi le chemin de la sortie. Le mieux à faire était sans doute de faire l’état des lieux et de savoir dans quel situation il… Ils étaient. C’est donc résolu et aussi rapidement que possible malgré ses muscles hurlant de douleurs qu’il prit la direction des maisons supérieure.

Il prit la décision d’aller au palais du Pope. Malgré le nœud que cette idée lui faisait à l’estomac, c’était la meilleure façon d’avoir des réponses. Et la traversée des autres maisons lui apprendrait peut-être quelque chose, qui sait.

Mais une autre surprise l’attendit à la sortie de son temple.

Il se figea en croisant le regard de son frère, cette fois-ci bel et bien réveillé, qui n’était finalement pas parti bien loin.

La boule dans son ventre grandit et s’amusa à faire des nœuds avec ses entrailles. Ce ne fut qu’après un long silence qu’il put enfin parler :

« Bonjour, Kanon ! »

Qu’y avait-il d’autre à dire ?

B... bonjour ?
       
Attends, là, t'es sérieux, mec ? Bonjour ? BONJOUR ? Mais il était pas bien, lui !

Le coup partit tout seul. Ou presque. Il y avait quand même un bras puis un corps au bout du poing qui avait frappé l'aîné des Gémeaux au visage, pile dans la mâchoire.
Secouant sa main aux doigts meurtris par la violence de l'impact, Kanon n'en resta pas là. Certes, il aurait voulu pouvoir la jouer cool. Peut-être pas grand seigneur qui pardonne, mais au moins seigneur lointain qui méprise l'être face à lui de son indifférence. Voilà qui aurait quand même été nettement plus à son avantage. Mais là...

« Espèce de... Je t'interdis... ! »

Il se passa une main sur le bas du visage tandis que son frère accusait encore le coup. Sans attendre de réponse, Kanon se détourna, tremblant de... Quoi ? Rage, colère ? Aux Enfers, ils n'avaient pas vraiment eu le temps de taper la causette. Là... bon, il n'était pas certain d'en avoir davantage envie. Mais ici plus qu'ailleurs, entre ces murs qui portaient en eux la trace des années passées... Leur complicité, leurs rares moments de plaisir, les frasques... puis la souffrance, la solitude... La traîtrise.

« Tu sais quoi, va te faire foutre. »

Sans un mot de plus, le cadet rejoignit le temple, le coeur au bord des lèvres. Il poussa la porte d'entrée, traversant le hall sans ralentir jusqu'à leurs appartements. Qu'il ne referma d'ailleurs pas plus derrière lui. De toute manière, Saga devait déjà être sur ses talons. Rien n'avait jamais pu arrêter son borné de frère quand il s'agissait d'eux. Saint Saga, héros des temps modernes... Enfin, modernes, vu l'endroit où ils se trouvaient... Ça restait à prouver. Saint Saga, convaincu qu'il était celui qui devait remettre l'autre dans le droit chemin. Pour un peu, Kanon en aurait rit. Le temps lui avait donné raison et tout le monde le savait, désormais. Au fond, ils ne valaient pas mieux l'un que l'autre.

Il se laissa tomber dans le canapé, réalisant à peine que c'était là que devait se trouver son frère précédemment. S'il avait dû s'imaginer leurs retrouvailles... Non, il n'aurait pas pu. Est-ce qu'il lui aurait pardonné, s'il avait pu y réfléchir davantage ? Aucune idée. Tout ce qu'il savait présentement, c'est qu'il était furieux.

Bonjour.

Et puis quoi encore.

Il asséna un coup de pied rageur dans la table basse devant lui pour la repousser.

...

Nota bene, mettre des chaussures la prochaine fois.

Aïe.

Ca, c'était plus normale, de la part de son frère. Plus douloureux aussi. Aouch !

Par contre, il avait confirmation : Kanon venait lui aussi de revenir à la vie. Sa droite avait perdu pas mal de punch. Mais bon, dans son état à lui, le résultat restait tout à fait honorable.

Certes, il la méritait. Il l’attendait aussi… Mais pas aussi vite. Son frère lui interdisait donc de lui dire bonjour. Ok, Il notait. Ce serait sans doute bon à retenir si sa réaction devait être la même à chaque fois.

Il bougea la mâchoire pour la remettre en place, accueillant un nouveau sifflement à la symphonie présente sous son crâne, avant de refaire face à son frère alors que celui-ci l’envoyait se faire foutre tout en se dirigeant de nouveau vers le temple.

Avec un soupir, Saga le suivit des yeux. Une vieille colère monta en lui. Celle qu’il ressentait à l’époque lorsqu’il se trouvait face à une des crises de nerfs de son jumeau et qu’il tentait de lui mettre un peu de plomb dans la tête, ou encore lorsqu’il se retrouvait face à une de ses éternelles bêtise et qu’il devait l’assumer à sa place. Ce sentiment d’impuissance et de frustration, de voir qu’alors que lui subissait l’entrainement, les missions, les remontrances des autres et devait faire face et supporter, son frère, lui, ne grandissait pas et semblait prendre plaisir à le mettre dans les pires situations qu’il soit.

Il secoua la tête et se décida à suivre Kanon, chassant ces idées. Aujourd’hui, c’était lui le fautif, et il avait au final fait bien pire que son frère. C’était à lui d’arranger les choses. A lui de faire le premier pas. Et quoi après ? Demander pardon ? Comme s’il le méritait ! Non ! Juste parler, et tenter de corriger un tant soit peu ses erreurs.

Il arriva à temps pour voir la table basse faire une magnifique et soudaine avancée dans la pièce, tandis qu’il haussait un sourcil.

« Elle t’a dit bonjour, elle aussi ? »

Vieux réflexe, là encore, qu’il regretta presque aussitôt. Ce n’était pas vraiment le moment de mettre de l’huile sur le feu, et il connaissait assez son frère pour savoir que cette phrase n’allait pas du tout le calmer.

Le pied endolori, Kanon releva un regard mauvais vers son frère. C'était bien le moment de montrer que même lui avait de l'humour, tiens.

« J'en ai encore sous la pédale, si ça t'intéresse. »

Une expression qui échapperait sans aucun doute à son cher frère dans la forme mais dont le fond serait sans aucun doute compris. Ce n'était pas l'envie qui lui manquait de lui en recoller une. Plusieurs, même. Non, c'était plutôt la chappe de béton armé qui lui avait obscurci la vue un court instant. Un tel coup de sang après ce qu'ils venaient de vivre ne pouvait rester sans conséquence, sans doute. Ils avaient beau être entraînés et se remettre plus vite que la moyenne, ça n'en restait pas moins inhabituel. D'autant qu'à bien y réfléchir, même chez les Chevaliers d'Or, le cas était un peu inédit. Enfin, de ce qu'il en savait. Faudrait demander au Phoenix, ces p'tites bêtes là, ça pouvait en connaître un rayon sur le sujet.

Mais bon sang, quoi, c'était quand même pas anodin, cette histoire ! Et l'autre, là, qui après l'avoir enfermé, laissé pour mort, fait mine de trahir leur déesse, possiblement sauvé le monde, qui lui disait bonjour !

« Me parle pas comme si on avait des trucs à se dire, cracha le cadet. Tu ferais mieux d'aller récolter des informations à l'extérieur. On est sûrement pas les seuls à être revenus. »

Bordel, pourquoi il n'y avait pas de foutue télévision, tiens. Il n'était pas forcément un adepte, mais au moins, le bruit et les images lui auraient permis de totalement occulter la présence de Saga.

Si l'expression lui était inconnue, le message était passé. Il n'était pas passé loin d'un autre coup. Et comme l'autre, il n'aurait pas cherché à l'esquiver. Il était en tord. Dans le fait d'avoir provoqué Kanon alors qu'il était déjà en colère et dans... Tout le reste.

Il eut un nouveau soupir. Aller chercher les autres Ors? C'était l'idée avec laquelle il était sortie du temple. Mais maintenant...

S'il n'avait pas été un chevalier entrainé à se contrôler en toute occasion, Saga aurait certainement commencé à se dandiner d'un pied sur l'autre, indécis. D'un côté, la "suggestion" de Kanon était ce qu'il y avait de plus pertinant à faire. C'était du moins ce que la logique dictait. De l'autre...

De l'autre, il avait du mal à laisser les choses tel quel. C'était stupide, mais il ne voulait pas ne rien dire. Il ne voulait pas partir de son côté et laisser les choses en plan. Pourquoi? Ça...
Parce que c'était toujours quelque chose. Parce que lui avait le sentiment que des choses devaient être dites, peut-être. Mais quoi? Que pouvait'il dire? Que pouvait'il faire?

S’aplatir et s'excuser? Lui dire tout ses regrets et toute ses prises de conscience? Même lui trouvait ça complètement déplacé. Et il avait sa fierté, également. Frapper Kanon a son tour? Après tout, lui aussi avait des rancœurs et des regrets. Céder à sa pulsion fraternelle et lui dire qu'il était heureux de le voir? Ho pitié! Comme s'ils pouvaient tout oublier l'un comme l'autre et comme s'ils étaient encore capable de se montrer la moindre affection.

Tout lui semblait inapproprié. Rien n'était bon à faire. Rester, partir, parler, se regarder dans le blanc de l’œil... A une époque, il aurait chassé toute ces pensées pour juste laisser son frère dans sa colère avec un air agacé et faire ce qu'il y avait à faire. Mais c'était ce qu'il aurait fait il y a dix ans. Avant de devenir maléfique, de faire ces choses horribles, de mourir trois fois... et de prendre tout simplement de l'âge et du recul. En fait, maintenant, il ne savait juste pas où se mettre. Athéna qu'il se sentait... Stupide? Impuissant? Épuisé?

Il finit néanmoins par désigner le pied de son frère.

"Je vais d'abord aller te chercher de quoi soigner ça. La pharmacie a changé de place."

Lors d'un dialogue avec l'autre où il avait finit par la détruire pour le chasser. Mais ça, autant ne pas en parler non plus.

Saga accusa le coup porté par l’allégation de son frère aussi bien qu’il le put.

Il voyait encore tout ce qui s’était passé entre ses murs lorsqu’ils étaient enfants. La manière dont il lui racontait ses entrainements spéciaux auquel lui seul avait droit pour que son frère puisse les reproduire. Les bêtises dans lesquels Kanon l’entrainait, et où ils finissaient toujours invariablement par se faire prendre par leur maître. Leurs rares jeux dans cet endroit si austère… Si en grandissant ces moments entre eux c’était fait plus rare, cette maison pour lui avait toujours été plurielle.

Mais tout avait dû être oublié lorsqu’il avait décidé d’enfermer Kanon. Ou avant, peut-être. Bien avant…

Avec un soupir, il secoua à nouveau la tête pour chasser ces pensées pour ensuite rejoindre Kanon dans la chambre, repérant l’annexion de ses seules et uniques chaussures.
Il laissa passer sans trop de soucis. Marcher pieds-nu ne le dérangeait pas, et ce n’étaient pas quelques pierres brulante qui viendraient à bout d’un chevalier, aussi désagréable pouvaient-elles être. Il ne se sentait pas vraiment le droit de réclamer ne serait-ce que ça à son frère.

Il s’appuya un instant sur l’encadrement de la porte. Mine de rien, lui aussi n’avait pas réellement vécut dans cette maison depuis très longtemps. Mais ça restait la sienne. … La leur. Du moins à ses yeux.

« Pourtant tu l’as défendu, cette maison… »

Il n’y avait aucun reproche, aucune sentence, juste une constatation. Voir lors de sa seconde vie offerte par Hadès son frère se dresser sous ce toit pour protéger Athéna l’avait plus ému qu’il n’aurait su le dire. Que son frère, qui l’avait poussé à la traîtrise, se faisant échos de ses voix, soit repentit et servent de nouveau la cause des Chevaliers… Il avait été fier bien entendu. Fier et rassuré. Mais il avait aussi été submergé d’un immense sentiment de culpabilité. De ce doute qui l’avait déjà assailli avant, mais qui lui était revenu ce soir-là avec une force renouvelée.

Et s’il avait aidé son frère à revenir dans le droit chemin plutôt que de l’enfermer ? Si lui-même avait été plus fort et ne s’était alors pas laissé submergé par ses propres démons.

Si… Si… Si…

Saga avait repéré la mesquinerie, Kanon en était sûr. Il apprécierait d'autant plus le contact de la semelle sous ses pieds. Marcher avec aurait très certainement une saveur particulière. Certes, c'était puéril. Et après  ? Quelqu'un allait surgir de nulle part pour lui taper sur les doigts ? Peu de risque. Contrairement à ce qu'il avait espéré, il ne provoqua cependant aucune réaction de la part de son aîné. Celui-ci se contentait d'accepter en silence. Ne manquait que le front bas et les Ave Maria sur fond de chants grégoriens pour compléter le tableau.

Il bouclait la dernière lanière -usée et craquelée, d'ailleurs, comme le reste du cuir- lorsque l'attaque survint. Enfin, attaque était un grand mot. Saga n'aurait pas pu avoir l'air plus pacifiste qu'en cet instant. Heureusement qu'il lui avait tourné le dos le temps de finir d'attacher les sandales d'entraînement.  

C'est vrai.

Il l'avait défendue, cette maison.

Aucune chance pour que Saga ait manqué cette courte hésitation qui trahissait son trouble.

« J'avais une dette envers Athéna. »

Son aîné comprendrait-il ? Pas dit. Il n'avait aucun moyen de savoir comment Kanon avait pu sortir de la prison où il l'avait enfermé et laissé pour mort. Voir qu'il était en vie avait même dû être un choc pour lui. Et cette seule pensée suffisait à énerver le cadet. Saga aurait dû savoir. Lui avait toujours su. Il avait toujours ressenti quelque part la présence de son jumeau

Bon sang, que toute cette histoire commençait sérieusement à lui prendre la tête. Il se donnait l'impression de s'apitoyer sur son sort et ça ne lui convenait pas du tout.

« Arrête. N'essaie pas de faire comme si rien n'avait changé. Tout a changé. (Il se tourna vers Saga, le visage las mais décidé.) On va aller voir ensemble s'il y en a d'autres que nous. Et ce qu'ils vont faire de nous. Et après, ça sera chacun pour soi. »

Après tout, il s'était repenti et avait reconnu Athéna. Même s'il gardait des rancoeurs sur la façon dont certaines choses étaient gérées au Sanctuaire, il avait reconnu l'amour de leur déesse et ne pouvait le nier. S'il avait lui-même été reconnu par ses pairs, il n'avait pas l'audace de prendre cela pour un acquis. Il était toujours temps de lui faire payer pour ses fautes -et pas des moindres- maintenant que la menace d'une Guerre Sainte était passée.

Quoique.

S'ils étaient revenus à la vie, ce n'était certainement pas pour arroser les plantes.

Eh merde.

Une dette envers Athéna ?

Malgré sa perplexité, il n’aurait sans doute pas plus d’explications, et n’en demanderait pas. Il n’avait juste pas le droit de le faire. Ce qu’il s’était passé durant tout le temps où ils étaient séparés, où il le pensait mort par sa faute, il n’avait rien à demander là-dessus. Ni à Kanon, ni à quiconque aurait pu savoir. Si un jour, par miracle, ils reprenaient une relation si ce n’est fraternel, du moins amicale, alors il saurait peut-être. Mais seulement si son frère lui racontait de sa propre volonté.

Il aurait aimé dire que c’était uniquement par respect. Ou alors par culpabilité. Mais même s’il y avait de ça, il y avait aussi une autre raison, moins honorable. Il ne voulait pas affronter les conséquences de ses actes. Il savait la réputation de la prison du Cap Sounion. Il imaginait ce qu’il avait forcé son frère à endurer. Et il ne savait pas si parmi tous les poids qu’il avait sur la conscience, il voulait ajouter celui-là.

Oui, tout avait changé. Ça, il en était affreusement conscient.

Il avait détruit la vie de son frère, et de nombreuses autres. La sienne, aussi. Et il ne voulait pas se cacher derrière l’Autre pour se trouver une excuse. Il ne se faisait pas d’illusion. Aucun de ses actes n’était effacé, et chercher à réparer ses fautes était juste d’une hypocrisie sans nom. Mais il ne savait pas vraiment comment faire face autrement. Comment agir.

Athéna que la mort était plus simple ! Que les Enfers étaient moins douloureux !
Mais les paroles de Kanon avaient éveillées une autre angoisse en lui.

Ce qu'ils vont faire de nous.

Excellente question. Traitre qu’ils étaient, quel était leur sort ? Ou leur rôle ?

Il fut coupé là dans ses réflexions, ne pouvant ni réfléchir, ni répondre à la « proposition » de son frère. Quelqu’un venait de signaler sa présence à la sortie du Temple des gémeaux.

Aphrodite.

Le poids sur les épaules de Saga s’allégea un peu. Le poisson était un ami. Un de ceux qui connaissait à l’époque sa supercherie et avait compris. Un de ceux dont il avait entrainé la déchéance et la mort, également. Mais sentir un cosmos ami le rassurait plus qu’il n’aurait sût le dire.

En réponse, il étendit le sien, invitant le gardiens du douzième temple à les rejoindre, avant de s’adresser à Kanon.

« Nous allons peut-être avoir des réponses plus rapidement que prévu. »

Il espérait juste que contrairement aux dires de son frère, cela ne signerait pas la fin de toute interaction entre eux.

Il lui en avait visiblement bouché un coin. Bizarrement, Kanon n'arrivait même pas à s'en satisfaire. Il éprouvait un sentiment de frustration diffus, comme si le manque de curiosité de son frère à son égard le dérangeait. Plutôt contradictoire, si l'on prenait en compte que toute question l'aurait très certainement énervé. Agacé de sa propre attitude, le cadet décida de simplement ignorer la chose. La laisser de côté, ne plus y penser. Et éviter de faire comme à son habitude et de couver une nouvelle rancoeur comme un dragon couverait un œuf. C'est à dire longtemps, avec patience, jusqu'à ce qu'il explose dans une boule de feu qui dévorerait tout sur son passage.

« Nous allons peut-être avoir des réponses plus rapidement que prévu. »

Ce n'était donc pas un effet de son imagination, il y avait bien quelqu'un qui visiblement venait aux nouvelles. Mais loin de s'inquiéter pour le moment des conséquences de leurs actes passés, Kanon était surtout curieux. Ils étaient au moins quatre. Aphrodite, son frère et lui, ainsi que Shion. Encore une histoire qui promettait d'être intéressante, tiens. Comment réagirait Saint Saga devant l'homme qu'il avait froidement exécuté ? Mais surtout, quelqu'un avait-il des réponses sur leur retour à la vie ? Contrairement à d'autres Chevaliers, ce n'était pas exactement coutumier pour l'ex-Dragon des Mers de revenir à la vie. Déjà, parce que lui ne mourait pas tous les quatre matins. Devait bien y avoir une raison à cette mascarade, quand même. Mais quelqu'un la connaissait-il ?

« T'attends quoi ? s'impatienta-t-il en le poussant vers la porte. Vas-y, tu vas pas le faire rentrer dans la chambre, quand même ! »

Sans réfléchir, il avait poussé Saga en dehors de la pièce, refermant silencieusement la porte derrière lui. Les vieux réflexes avaient la vie dure, et ce malgré les années de séparation. Et ce constat avait un goût plus qu'amer pour Kanon. Il dissimulait religieusement sa présence depuis qu'il s'était réveillé, sans même s'en apercevoir. Pas étonnant que Saga ne l'ait pas repéré plus tôt. Déjà que la présence en question était pas mal fatiguée et courbaturée, merci bien...

Ecoeuré, il se dirigea vers la fenêtre , s'y accoudant d'une manière qui se voulait nonchalante pour observer le jeu du soleil sur les reliefs et l'immense paroi rocheuse qui surplombait le Temple des Gémeaux. D'ici, l'on ne voyait aucune des sorties. Juste un petit espace extérieur où personne n'était censé se trouver. Ni donc apercevoir, même par accident, le double secret du gardien de la troisième maison. Tout avait été pensé à cette fin, de toute évidente.
Un court instant, Kanon hésita à simplement enjamber le rebord pour aller faire un tour. Découvrir par lui-même ce qui se tramait dehors. Avait-il des comptes à rendre au Sanctuaire ? Bonne question.  À Athéna, oui. Mais pour le reste... ça restait à prouver.

Avant d’avoir compris ce qu’il se passait, Saga se retrouvait dehors, le nez devant une porte fermé. La réaction de Kanon réveillait de vieux souvenirs en lui. Ceux d’un temps où ce genre de choses faisait leur quotidien. Ce branle-bas de combat dès que quelqu’un pénétrait leur temple.

Il hésita un petit instant, avant d’actionner la poignée et de pousser légèrement la porte. Le message était subtil, et serait peut-être inaperçue : Tu es libre de venir, si tu veux. Bien entendu, il n’avait plus rien à interdire à son frère. Et puis, tous étaient maintenant au courant de son existence, de toute façon. Cette mascarade ne servait plus à rien.

Sans plus attendre, il tourna les talons pour accueillir son invité. Pied-nu, donc.

Un doute le saisit alors qu’il sortait de ses appartements. Il se demandait si cette sensation diffuse à son réveil n’était pas un autre appel de cosmos. Mais de qui ?

Il chassa cette idée alors qu’il atteignait le centre du hall pour se concentrer sur sa visite présente. De tous les chevaliers du sanctuaire, il était heureux de rencontrer Aphrodite en premier. Le Poisson était une présence amicale bienvenue. Une des rare présences qui ne déclencherait chez lui ni malaise ni colère. Bien sûr, il était coupable de bien des fautes envers l’autre chevalier. Il était coupable envers tout le sanctuaire. Il ne pouvait voir aucun de ses pairs sans ressentir une certaine culpabilité. Mais Aphrodite l’avait soutenu à l’époque. Il avait accepté son crime et l’avait suivi en toute connaissance de cause. Du moins, autant qu’il pouvait en savoir avec le peu que Saga lui avait révélé.

C’est donc pour la première fois depuis son retour qu’un sourire s’afficha sur le visage du gardien du troisième temple alors qu’il avançait vers son invité. Invité qui devait lui aussi être de retour depuis peu, à en juger son visage fatigué et sa silhouette plus émaciée qu’à l’époque. Une vague inquiétude envahit Saga avant qu’il ne la chasse. Il savait la fierté d’Aphrodite, et ne lui ferait pas l’affront de se laisser aller à l’élan protecteur qui lui était d’abord venu. Il le respectait bien trop pour cela, et avait confiance en sa force. Et puis, lui non plus ne devait pas être bien fier à regarder.

Il s’arrêta à hauteur du Poisson avant de le saluer d’un mouvement de tête, un sourire accueillant toujours accroché à ses lèvres.

« Aphrodite ! Je suis heureux que tu sois également de retour. »

Les politesses et les retrouvailles avant toute chose. Il aurait tout le temps de poser des questions ensuite.

Saga n'avait rien perdu de sa prestance. Le visage élégant, l'attitude distinguée, il s'avançait avec grâce jusqu'au centre du hall, sous le regard austère des piliers disposés en deux rangées de part et d'autre de la salle. Si les pierres portaient les âmes de ceux qui les avaient portées pour ériger le temple, alors certainement baissaient-elles les yeux et se prosternaient-elles à son passage.

« Aphrodite ! Je suis heureux que tu sois également de retour. »

Le regard de celui qui avait été Grand Pope se posa sur Aphrodite, laissant à ce dernier l'impression de grandir et prendre en force. S'il n'en était rien physiquement, son esprit rayonnait assez pour éclairer son regard azuréens.

« C'est à moi que revient l'honneur de cette rencontre, Grand Pope... » murmura l'élu des Poissons en s'agenouillant aux pieds de l'homme.

Tout au long de la descente vers le temple des Gémeaux, Aphrodite s'était demandé de quelle façon il serait amené à agir face à Saga. En cet instant, les mots, tout comme la prosternation, lui étaient venus naturellement.

Dire qu’il fut pris de court par le geste d’Aphrodite était un euphémisme. Mais avant cela, il mit un temps avant de réaliser ce qu’il se passait. On s’était incliné tant et tant de fois devant lui que s’en était presque normal.

Mais ça ne l’était plus. Ça n’aurait jamais dût l’être, en fait. C’était l’expression d’un respect qu’il n’avait jamais mérité, assassin qu’il était. Et s’il avait un jour été une « norme », il n’était plus d’actualité depuis sa mort.

Cette situation le mettait terriblement mal à l’aise. Elle remontait en lui de trop nombreux souvenirs. D'un côté, ceux qu'il pouvait classer d'agréable, à une époque où il avait tout donné pour être à la hauteur des responsabilités liées à son poste. De l'autre, ceux qui demeuraient douloureux, laissant le souvenir impérissable de ses trahisons et des crimes commis pour prétendre à ce rang.

« Relèves-toi, Aphrodite, souffla-t-il. Je ne suis plus Pope. Je ne l’ai jamais vraiment été. »

Par sa Déesse ! Si quiconque les voyaient…. Les conséquences seraient terribles, et il ne le voulait pas.

Les minutes s'écoulaient et il ne comprenait toujours ce qui lui avait pris. Pourquoi avoir poussé Saga dehors, se dissimulant comme un adolescent contre la porte de sa chambre ? Voilà bien des années qu'il n'avait plus à agir ainsi. Et c'était d'autant plus vrai depuis qu'il avait été accepté comme l'un des Ors. Enfin, à titre temporaire, il ne fallait rien imaginer d'autre. Il avait accompli son rôle de doublure. Un rôle essentiel, d'ailleurs. N'y aurait-il eu un frère dans chaque camp, les choses se seraient-elles soldées ainsi ? Par la sauvegarde de l'humanité ? Oh certes, Kanon ne s'arrogeait pas le mérite de leur victoire. Mais ça plus ça plus ça… Chaque petite pierre avait peut-être son importance dans l'édifice, au final.

Mais il aurait tout le loisir d'y penser plus tard.

Saga n'avait d'ailleurs pas refermé la porte derrière lui, l'invitant clairement à le rejoindre s'il en avait envie. Aurait-il eu l'humeur un peu plus belliqueuse en cet instant qu'il l'aurait volontiers pris pour une façon de le rabaisser, comme pour lui signifier qu'il avait besoin d'une autorisation. Mais ce n'était pas l'intention de l'aîné des Gémeaux et son petit-frère le savait bien.

Bon.

Autant faire des efforts, comme qui dirait l'autre.

Mais ce n'était absolument pas dans le but de tenir son rang ou quoique ce soit du genre. Il était curieux, voilà tout. Non mais.

Prenant une grande inspiration, il avait poussé la porte, traversant les appartements en silence pour rejoindre le hall. Où il découvrit une scène pour le moins incongrue.

Gneh.

Aphrodite. À genoux. Devant Saga.

Gneeeh.

« Bon bah, j'vais vous laisser seuls, hein ironisa-t-il tout en s'appuyant contre la première colonne venue. J'voudrais pas déranger. Pourriez faire ça dans un endroit plus discret, quand même. »

Bon, il n'était pas né de la dernière pluie, il se doutait bien qu'il ne s'agissait évidemment pas de ce qu'il sous-entendait. Mais la moquerie comme le sarcasme étaient des dons chez lui, dont il se servait à l'envie.

Cela faisait partie des choses qu’il craignait. L’arrivée de son frère au mauvais moment. Il avait un don. Ce n’était pas possible, autrement. Il calma néanmoins la légère montée de stress qu’il avait ressenti. Ce n’était QUE Kanon. Il n’y aurait pas de conséquences. Du moins, pas autant que si le Pope actuel (s’il y en avait un) ou un chevalier plus à cheval sur sa trahison aurait été témoin de la scène.

Il se contenta donc de lancer un regard désapprobateur en réponse à la pique de son jumeau. Certes, il y avait de grandes chances que ce dernier n’en ai absolument rien à faire, voir s’en amuse, mais c’était davantage pour le geste que pour espérer une quelconque conséquence.

Il tourna à nouveau le regard vers Aphrodite au murmure de celui-ci. Sa réaction lui arracha un léger sourire, avant qu’il ne retrouve son sérieux avec la suite de ses paroles.

Maintenant qu'il le disait, il sentait plusieurs cosmos plus haut dans les maisons. Dont deux dans celle au-dessus d'eux. Il pâlit légèrement en reconnaissant celui de Shion. Décidément, rien ne lui serait épargné dès son retour.

"Racontes-nous ce que tu sais, s'il te plait. Mais peut-être avant toute choses devrions-nous rentrer dans les appartement. Tu y seras plus confortablement installé."


Après tout, le Poisson avait fait l'effort de descendre jusqu'à eux, et méritait au moins un siège. Il lui même avait besoin de s'asseoir, histoire de se préparer à la prochaine confrontation avec l'homme qu'il avait assassiné.

Saga attendit qu'Aprhodite soit assis avant de faire de même, jetant un regard à Kanon sans en avoir vraiment besoin. Petit à petit, son cosmos se stabilisait, et il ressentait de mieux en mieux les choses. Et si à l'époque, ressentir la présence de son frère s'il n'était pas trop éloigné tenait plus de l'instinct que de l'acte conscient, alors cet instinct revenait bien vite à la charge.

Il écouta attentivement le récit du poisson, ne pouvant s'empécher de ressentir une angoisse sourde à la confirmation du retour de Shion. Donc pour le moment, ils étaient certains que deux autres chevaliers étaient revenus, avec de fortes suspition qu'il en soit de même pour le Scorpion et le Cancer, vu les arrêts respectif des deux compagnons de route d'Aphrodite. Et ce dernier n'avait pas plus d'information qu'eux sur la raison de leur retour.

Avec un soupir, Saga se laissa aller sur le dossier de son fauteuil, les bras croisés, pensif.

« On ne nous a certainement pas fait revenir par pur bonté d'âme. La raison de notre résurection ne restera pas longtemps un secret, je pense. J'espère juste que ce sera dans de meilleure conditions que la dernière fois. »

C'était sa plus grande crainte : Que Hadès soit de nouveau derrière tout ça. Après tout, il était celui qui régnait sur les morts. Qui d'autres avait accès à leurs âmes ?

Enfin ! S'il était mort, la donne était peut-être changée.

Il prit le temps d'écouter un instant le silence du Sanctuaire. Et c'est alors que ce détail le frappa. Certes, les lieux n'étaient pas aussi bruyant que pouvait l'être les villes modernes. Mais à cette heure-ci, il fourmillait normalement d'activité entre les serviteurs à leurs tâches et les allées et venues des gardes. D'ailleurs, il n'avait vu personne lors de son passage prolongé sous la petite cascade.

Il se mit une claque mentale. Ce qu'il pouvait être long à la détente, parfois !

« Dis-moi Aphrodite. A part nos frère, as-tu vu quiconque d'autre lors de ta descente ? »

(Par contre, je ne saurais pas quand j'aurais de nouveau le temps de rp cette semaine après cette réponse. Donc n'hésitez pas à passer mon tour.)