1. ouh que ça fait mal

La première pensée qui lui vint fut absolument incompréhensible pour son propre cerveau embrumé, la seconde non plus ne fut pas plus claire. Vint ensuite les sensations, et le froid, qui lui déclenchèrent un horrible frisson qui partit du bas de sa colonne vertébrale jusqu'à la pointe de ses cheveux. Comment la pointe de ses cheveux pouvait frissonner, ça, il n'en avait pas la moindre idée mais les faits étaient là et ça faisait un mal de chien !

Il n'essaya même pas d'ouvrir un œil et se contenta de souffrir en silence quelques secondes avant qu'une pensée fugace ne l'assaille. Il se souvenait très bien mourir alors qu'est ce qu'il se passait ? Résolut à aller au bout de ce mystère mais groggy comme un alcoolique en train de décuver il ouvrit cette fois un œil avant de le refermer aussitôt. Il laissa échapper un grognement qui lui irrita la gorge et se mit à tousser et grogner tellement sa gorge était sèche. Une fois sa quinte de toux passée il rouvrit un œil, puis le second, et se retrouva à regarder des dalles, classiques, en pierre, bref rien de quoi folichon et encore moins distinctif d'un endroit particulier. Prenant une légère inspiration et son courage à deux mains il tenta de se retourner pour échouer lamentablement.

Grognon comme pas deux devant sa faiblesse il raidit tous ses muscles, ignorant la douleur sourde qui lui parcourait le corps, et d'un coup de hanche sec se retourna. Il resta quelques instants raide histoire de laisser a douleur refluer et rouvrit ses yeux qu'il n'avait même pas eu conscience de fermer pour les écarquiller à la vue qui l'accueilli.

Il lâcha un gros soupir, sachant dorénavant où il était. Si ce qu'il avait sous les yeux ne le trompait pas il était de retour dans le temple du lion. Il avait passé un certain nombre d'heure à regarder ce plafond pour le reconnaître entre mille. Une légère brise passant par là lui apprit également qu'il ne portait pas grand chose, voir même rien du tout maintenant que son cerveau se remettait en marche. Lâchant un autre soupir, plus profond celui-là et grattant la gorge lui déclenchant une nouvelle quinte de toux, il tenta de se relever.

Il ne fit pas beaucoup de progrès du premier coup et dans un élan de pure volonté, certains auraient dit qu'il était juste borné et tête de mule, il se mit en position assise. La moitié du travail de fait il regarda autour de lui et jura dans sa barbe inexistante en voyant qu'il était dans une partie publique du temple. Il ferma les yeux pour rassembler ses maigres forces et se releva. Debout sur ses jambes branlantes il s'approcha du premier pilier venu et s'en servit pour se redresser.

Un peu plus assuré dans sa démarche il se dirigea lentement vers les appartements et ouvrit la porte quand elle arriva à portée de main. Le nuage de poussière qui l'accueillit lui déclencha une petite toux et surtout lui indiqua que le temps était passé mais combien il ne pouvait le dire. Il se dirigea vers sa chambre et son placard les épaules courbées, comme si supportant le poids du monde. Il voulut de prime abord sortir des vêtements mais sa fatigue prenant le dessus il sortit à la place un drap propre, s'enroula dedans et se laissa tomber sur son lit poussiéreux.

Il resta là un bon moment, regardant la poussière voler dans la chambre et se reposer partout. Au début ses pensées n'étaient pas très cohérentes mais elles commencèrent à s'organiser et de nombreuses questions se posèrent à lui.

La première de toutes ces questions était ce qui se passait. Était-il revenu à la vie ? Si oui, pourquoi ? Qui en était responsable ? Était-il seul ou d'autres étaient également revenus ? La confusion commençait à le gagner.

Son esprit travaillait autant qu'il le pouvait mais son corps le rattrapa et il s'endormit sans même s'en rendre compte.

Le sommeil quitta peu à peu Aiolia quand ses forces commencèrent à lui revenir. Il resta cependant un bon moment à regarder son plafond une fois qu'il eut ouvert les yeux sans penser à rien. Plus le temps passait plus ses interrogations lui revenaient en mémoire et plus la confusion se faisait présente. Mais qu'est ce qui avait bien put se produire ? Sa déesse avait-elle gagné la Guerre Sainte ? Il n'en savait rien et cela commençait à lui peser, surtout de ne pas savoir où elle était alors que lui reposait là, dans son lit, dans son temple.

Il lâcha un gros soupir qui le fit tousser un peu et le força à regarder autour de lui. De la poussière, partout, même sur le lit. Un tic lui agita le sourcil à cette vue, pas qu'il soit maniaque loin de là vu toute la poussière qu'il avait mangé pendant ses entraînements, mais un minimum de propreté dans son espace de vie ne faisait de mal à personne. Il se retint de soupirer et se contenta de grogner à l'idée des heures de ménages nécessaires pour tous les appartements, si l'état de la chambre était représentatif du reste il était loin d'avoir fini.

Alors qu'il imaginait ce qui l'attendait, le ménage était pire que tous les entraînements du monde selon lui, l'idée même de passer des heures à astiquer pour devoir de toute façon recommencer peu de temps après le déprimait, son estomac décida de se rappeler à lui d'une manière très douloureuse. Depuis combien de temps n'avait-il pas manger pour que sa faim lui torde les intestins de cette manière ? Jamais il n'avait eu aussi faim de toute sa vie. Y avait-il seulement quelque chose à manger dans son temple ? Cela devait faire un moment que tout était à l'abandon, les placards ne devaient plus rien avoir de comestible.

Il décida tout de même de se lever, s'il ne pouvait pas manger au moins pouvait-il boire, et puis cela ferait du bien à sa gorge desséchée tout en calant un minimum son estomac sans le rendre malade. Se redressant dans son lit sans remuer trop la poussière il finit par se lever et grimaça un court instant. Qu'est ce que son corps était raide ! Il se secoua un peu et laissa le drap dans lequel il était enroulé sur le lit et se dirigea vers son placard.

Un coup d’œil dedans lui apprit tout de suite que personne n'était venu dans les appartements puisque tous ses vêtements étaient encore là, et à son heureuse surprise, intacts. Il n'aurait plus manquer que ses vêtements aient été attaqués par les mites et pleins de trous pour parfaire le tableau déplorable qu'il devait présenté. Ah, il était beau le Chevalier du Lion.

Il attrapa une simple tunique et un pantalon avant de se diriger vers la salle d'eau pour stopper net, avait-il vraiment envie d'aller constater les dégâts maintenant ? Dépité, il finit par s'habiller sur place.

Il était en train de finir de fermer sa tunique quand un cosmos inconnu se manifesta. Finissant rapidement sa besogne il marcha vers la porte des appartements et entendit une voix venant de la partie publique. Il ne comprit pas tout ce qui se dit mais il n'en avait pas besoin, la personne présente devait simplement demander si quelqu'un se trouvait là. Même si le cosmos lui était inconnu le simple fait que quelqu'un soit là prouvait au moins qu'il n'était pas seul.

Il se dépêcha d'aller ouvrir la porte vers la partie publique et se retrouva face à un homme inconnu appuyé contre une des colonnes du temple. L'homme n'avait pas l'air très bien à première vue. Le cosmos lui disait que l'homme était un chevalier, argent très puissant ou or mais il ne le reconnaissait pas et cela le rendit confus. Tant de temps était passé qu'une nouvelle génération d'or était là ? Si ça avait été le cas le temple serait occupé hors il était à l'abandon. Il finit par s'extraire de ses pensées malvenues, à cet instant elles étaient inutiles, et s'adressa à son visiteur.

« Bonjour, qui êtes vous ? » dit-il avant de grimacer intérieurement. Ce n'était pas la meilleure des entrées en matières et encore moins d'une quelconque politesse. En plus l'air râpait contre sa gorge sèche  lui faisant une voix rauque peu agréable.

« Excusez moi ce n'était pas très poli ! » dit-il en agitant un peu les mains avec un air contrit pour essayer de se rattraper. La situation globale le mettait vraiment mal à l'aise. « Je suis Aiolia, Chevalier du Lion. »

Il tendit la main avec hésitation, peu sûr que l'homme en face de lui la serre au vu de sa situation précaire, il avait l'air vraiment mal appuyé à cette colonne.

Finalement le chevalier se détacha de sa colonne et vint serrer la main d'Aiolia tout en se présentant comme Kardia, un chevalier de la génération précédente au vu de la chronologie. Mais comment cela était-il même possible ? Qu'est ce que cela voulait dire ? Mais qu'est ce qu'il se passait à la fin ? Tout un tas de questions qui s'accumulaient dans son esprit et pas le moindre indice quant à la résolution de la moindre d'entre elle. À la confusion de la situation commençait maintenant à s'ajouter une bonne dose de frustration.

Cependant s'il en croyait Kardia le Pope était également de retour et avec un peu de chance celui-ci avait au moins un début de réponse. Soit ça soit ils étaient vraiment mal barrés comme disaient les plus jeunes.

Il se reprit et serra correctement la main de son aîné tout en se redressant, cela ne se faisait pas de ne pas prêter attention quand un collègue ? , un supérieur ?, quand la personne en face de vous parlait. En écoutant attentivement ce que son aîné disait il sentit une vague de soulagement aux nouvelles que celui-ci lui apportait. Il n'était pas seul, plusieurs chevaliers de sa génération étaient là. À défaut d'avoir des amis il aurait au moins des connaissances, des collègues, des gens avec qui partager ce retour à la vie plus que désagréable et incompréhensif.

Il finit par lâcher la main et se demanda si inviter son aîné était une bonne idée vu l'état de l'appartement mais un coup d’œil au scorpion et sa décision fut prise. Il s'écarta un peu et d'un signe de tête désigna l'entrée des appartements du temple.

« Vous voulez rentrer un peu ? Il n'y a pas grand chose... en fait non j'en sais rien, je viens de me réveiller et avant de m'endormir je n'étais pas dans la meilleure des formes pour constater les dégâts. Mais je peux au moins vous offrir de l'eau si vous le souhaitez. » dit-il en essayant d'être un hôte agréable.

Il n'avait vraiment aucune idée de ce qu'il devait faire ou comment réagir face à cet homme mais comme il n'avait pas l'air agressif discuter un peu ne ferait pas de mal. Et si en plus il pouvait enfin boire ce verre d'eau qui l'appelait depuis qu'il s'était réveillé il aurait tout gagné.

Je l’écoutais, cherchant un début d’explication. Pourquoi nous ressusciter ? N’avions pas déjà accompli notre devoir en aidant à annuler l’éclipse d’Hadès ? Nous devions trouver des réponses, des indices. Shion saurait nous organiser dans ce but j’espérais.

-Oui…Ou alors il nous organisera de manière à trouver des réponses. Dis-je pour exprimer le fond de ma pensée. J’avoue toutefois ne pas être à l’aise dans une bibliothèque, alors j’espère qu’il y aura un peu d’action ! Reconnue-je sans honte. Il fallait savoir reconnaître ses limites, et chercher à les dépasser, même si rester plongé dans un bouquin était vite…un calvaire plus de deux heures d’affilées.

Enfin nous entrâmes dans la maison du lion, ou nous pûmes sentir deux présences. Le lion était revenu lui aussi semblait-il. La seconde présence, plus étrangère à mes yeux, me fit penser qu’il s’agissait de Kardia. A vérifier néanmoins, car je n’étais pas encore habitué à son cosmos. Je grimaçais encore à son départ plus tôt.

-Nous allons dans la tanière du lion le saluer ? Dis-je un peu fort pour taquiner ledit lion.

Entendre Milo taquiner le Lion me crispa un peu, me rappelant que je faisais parti des morts et qu’il était resté là vivant parmi les vivants. Je ne remettais pas en cause ce que j’avais fait ni pourquoi je l’avais fait. Seulement il avait du continuer sa vie…

Voyant que la situation était sous contrôle, que le chat monté en graine semblait bien se porter, je me contentais de faire un salut de tête et continuer mon chemin. Je sentais qu’il y avait du monde plus bas. Peut être un début d’explication commençait à pointer le bout de son nez.

Je traversais donc le temple pour accéder à la sortie.