Eveil dans le froid

J’avais emboîté le pas de Shion et Aphrodite dans la descente. L’exercice se révélait plus périlleux que prévu mais ne me plaignait pas.
Je me posais beaucoup de question, notre état de faiblesse, l’absence de monde et cette poussière. Significative selon moi d’un certain nombre d’années d’abandon. Au minimum une.

Toutes à mes réflexions, nous avions passé deux temples vides. Shion avait alors prévenu de notre présence à coup de cosmos mais personne.

Sans vraiment m’en rendre compte, je devenais fébrile à l’approche du nouveau temple. Certainement du à notre descente et à notre état de fatigue avancé et pas parce que c’était le temple de Milo.
Milo, déesse, nous étions morts ensemble mais la violence des évènements qui s’étaient passés avant cela n’avait jamais eu de réelles explications. Il à du m’en vouloir avant de comprendre.

J’ai toujours placé mon devoir avant tout, il le savait mais entre le savoir, le voire et l’accepter, il y a un sanctuaire.

A notre arrivée, comme précédemment nous nous sommes annoncé, cependant, pour une fois, je n’ai pas pris le temps d’attendre de réponse et me dirigeât vers les appartements du maître des lieux. Mes deux acolytes n’allaient pas être dupes très longtemps mais il fallait que je sache.

Bien loin de mon tempérament habituel, j’ouvris la porte qui donnait sur la pièce principale, décontenancé par l’état avancé de bordélisation de celle-ci bien que le maitre des lieux n’a jamais été un maniaque du rangement, autant que par la présence dudit scorpion, dans le plus simple appareil au milieu du salon ainsi qu’un autre homme tout aussi nu que le premier à même le sol.

Il est parfois appréciable d’être un saint des glaces, ça me permet de contrôler un éventuel rougissement intempestif.
J’aurais bien fait demi tour mais en fait non, je ne pouvais pas et restait là à l’ausculter du regard pour m’assurer qu’il était en un seul morceau. C’était purement médical !

Détournant mon regard, par politesse je répondis Kardia en premier qui semblait-il venait d'un autre temps.

"-Je suis Camus, Chevalier d'Or du Verseau. J'étais seul dans mon temple à mon réveil, si j'en juge par Aphrodite des Poisson et notre Pope Shion, ils étaient seuls aussi.
Nous avons entamé une descente afin de savoir s'il y avait d'autres "revenants". Les temples entre celui du verseau et du scorpion sont vides."

Je sentis mes collègues partir et s'annoncer un peu plus bas, soit je me retrouvais seul avec deux arachnides nus. Déesse, était-ce dans leur nature de ne pas être pudique.
Le froncement de sourcil de mon Milo me fit remuer quelque chose en moi, était-ce de la fierté ? du bonheur ? il faudrait que je me retrouve dans tout ses "sentiments" ou que je reprenne leur définition exacte car je ne saurais dire ce qu'il en est.

Toujours est-il que j'appréciais (je crois que c'est cela qu'on dit) la retenue de Milo même si l'état de la pièce ne me plaisait guère.

"-Un chevalier se doit de garder sa maison propre au minimum" dis-je avec plus de froideur que je n'aurais voulu. Le blesser n'étais pas dans mes intentions mais cette pièce ressemblais étrangement à une porcherie organisée, enfin je crois.

Je ne relève pas sa réflexion, je ne le reluquais pas comme il semblait le penser mais je m'assurais qu'il était en un seul morceau, pour cela je me devais de le détailler.

Puisque ni l'un (qui n'était plus vraiment chez lui), ni l'autre ne semblait prêt à se couvrir les fesses, je pris les choses en main.

"-Je vais essayer de trouver de quoi vous couvrir, vous ne pouvez vous montrer ainsi à vos pairs".

La encore ma voix était froide mais cette situation ne me convenait guère, Milo ET son corps étaient à MOI et n'avaient pas à être exposé de façon indécente. Rien n'avait été dit entre nous mais le serait en temps voulu et entre nous.

Je pris la direction de la chambre, frôlant le propriétaire des lieux, attrapant discrètement une mèche de cheveux bouclés et tirant doucement dessus. C'était une façon discrète de lui faire comprendre que je n'étais pas aussi fâché que je semblais l'être.

L'état de la chambre était similaire au salon, un tsunami n'aurait pas renié le résultat. Par habitude, je tirai le draps afin de laisser la paillasse propre et faite.

La pièce n'avait pas changé, le lit et les quelques petits meubles posé contre les murs. Je dénichais des habits propres, dans le petit meuble à côté de la porte.

Par on ne sait quel miracle, j'ai retrouvé 4 spartiates qui allaient bien aider durant la descente. Milo était un grand bordélique mais ses affaires étaient toujours propres. Je n'ai jamais compris comment il arrivait à concilier les deux. Si on lui demandait de retrouver un ordre de mission quelconque, il le retrouverait même si celui-ci était dans la pile qui servait de cale à la table du salon.

A mon grand désarroi, je peinais de plus en plus à avancer constatant avec aigreur que ma main tremblait. Par fierté, je la posais à plat sur le petit meuble jusqu'à que ça cesse. Ce qui prit quelques minutes, plus qu'il n'était acceptable pour un chevalier. Mon cosmos au fin fond des chaussettes, le retour à la vie à laisser plus de séquelles que prévu.

Une fois "remis" je fis deux tas et alla leur apporter.

"Tenez" – dis-je en leur tendant les affaires.

"- Je vous attends devant le temple, nous n'avons que trop tarder"

Sortant de l'appartement, j'espérais fortement que mon tremblement serait passé inaperçu et leur laissait ainsi le temps de se préparer. Je me dirigeais à l'entrée du temple, derrière une colonne afin de ne pas me mettre en plein soleil qui commençait à être haut dans le ciel.

Je regardais passer Kardia avec une totale indifférence. Sa remarque aurait-pu, il y a quelques minutes me faire réagir mais ce n'était plus le cas actuellement.
Me donner un ordre à moi, alors qu'il n'était qu'un chevalier et non mon supérieur eu autant d'effet que l'eau sur les plumes d'un canard.

Qu'il veuille descendre seul et se tuer était son problème. Si les écrits des anciens Verseau étaient vrais, ce que je voulais bien croire puisqu'il m'avait appelé Dégel,
il allait avoir besoin de moi et son comportement ne jouait pas en sa faveur.
Je ferais ce qui doit être fait, un chevalier ne laisse pas l'un de ses pairs mourir sans raison. Enfin Shion me donnera les instructions à ce sujet.

L'arrivée de Milo me distrait de mes réflexions et accueilli la tartine avec bonheur en grimaçant à sa remarque.

"-Je n'ai pas pensé à regarder mais il ne doit pas y avoir grand-chose de comestible et je n'étais pas franchement en état de faire cramer une casserole"

Un petit sourire en coin m'échappa et attaquais la tartine en suivant son regard.

"-Effectivement – dis-je entre deux bouchées – Il m'a même prévenu que tu allais me rejoindre, information totalement inutile."

Je fini mon encas et bu l'eau avant d'entamer doucement la descente aux côté de mon scorpion.

"-Il faut peut être lui laisser le bénéfice du doute, il m'a vu à la place d'un autre. Je ne l'aurais pas bien accueilli s'il avait été seul dans ton temple et toi absent.
Aphrodite n'a pas forcément apprécié que je les ai laissé lui et Shion à l'entrée du temple. Il faut dire que j'ai pris directement la direction de tes appartements.
Je m'en excuserais plus tard. Ce retour sans explication nous à tous ébranlé surtout avec une partie des absents mais je te l'accorde qu'il ne faut pas que cela se reproduise."

Je profitais de ce moment de répit avec Milo à mes côtés, je me doutais que les choses allaient se gâter, des chevaliers ressuscitant de façon aléatoire, de différentes générations et une déesse totalement absente.
J'ai fini par mettre le point sur ce qui me dérangeait autant que l'état désert et poussiéreux du Sanctuaire, c'était l'absence totale de la présente de notre Déesse, il n'y avait même plus de rémanence de son cosmos.